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Paracétamol : comment Seqens rend possible cette relocalisation

28/07/2021

Au mois de juin 2021, Seqens a annoncé un investissement d’environ 100 millions d’euros sur le site isérois de Roussillon pour la construction d’une unité de production de 10 000 t/an de paracétamol.

Seqens relocalise la production de paracétamol en France

Mais à quelles conditions cette relocalisation est-elle rendue possible ? Explications de Robert Monti, directeur général Essential Drug Substances, et de Christophe Eychenne-Baron, directeur R&D de Seqens.

Quelles seront les grandes lignes de l’investissement dans la production de paracétamol en France ?

Robert Monti:
Nous allons investir environ 100 millions d’euros, dont 30 à 40 % d’aide publique sous forme de subventions et d’avances remboursables, pour la construction d’une nouvelle unité haute performance de production de paracétamol sur le site de Roussillon, en Isère.

Cette unité va nous permettre d’enrichir notre dispositif de production avec 10 000 t/an de capacités à Roussillon qui viendront s’ajouter à nos 8 000 t/an de capacités à Wuxi, en Chine. Sur ce nouvel atelier, nous sommes sur une volumétrie importante. Outre la fabrication du principe actif, nous investissons dans une technologie de granulation qui nous permettra d’étendre notre offre produits avec des grades très précis. Nous faisons aussi de la granulation en Chine mais avec une technologie différente.

Ce projet de Roussillon constitue un énorme défi, mais nous sommes parfaitement dans les temps. Nous avons commencé nos études, il y a près d’un an, et la construction pourra commencer d’ici à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine, avec une qualification des installations sur la fin de l’année 2023.

On parle de mise en service, cela signifie que l’unité ne sera pas encore en régime commercial. En revanche, elle va nous permettre de produire des échantillons pour les soumettre à nos clients. Nous serons sur un véritable démarrage commercial fin 2024, début 2025.

Quel intermédiaire sera utilisé pour produire ce paracétamol et quelles seront les sources d’approvisionnement ?

Robert Monti : 
Nous partirons du para-aminophénol ou PAP pour la production de paracétamol. C’est un intermédiaire que nous produisons déjà à Tanxing, en Chine, pour lequel nous sommes leader mondial. Cette capacité de PAP sera largement suffisante pour alimenter, en toute sécurité et en nous appuyant sur les meilleures techniques disponibles, nos deux usines de Wuxi et de Roussillon. Nous sommes donc très engagés dans ce domaine et nous allons continuer d’investir.

Quels seront les procédés utilisés pour la production française, ceux de Wuxi seront-ils reproduits à l’identique sur Roussillon ?

Robert Monti : 
Si l’on opérait cette bascule, le surcoût de production de notre principe actif serait de l’ordre de 20 %. D’où l’idée d’injecter de l’innovation pour rendre l’unité compétitive et respectueuse de l’environnement avec 5 à 10 fois moins de rejets dans l’eau, dans l’air et dans les sols. 

Nos clients UPSA et Sanofi ont pris des engagements très importants sur le long terme pour que le nouvel atelier soit nourri durablement en termes de volume. Cette logique de relocalisation, qui d’ailleurs n’est pas propre au paracétamol, ne peut s’envisager qu’avec l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur. Et dans le cas du paracétamol, elle n’aurait pas pu se faire sans un partenariat à long terme avec nos clients.

Lire aussi l’interview de Robert Monti qui explique pourquoi il n’y a plus de production de paracétamol en France et en Europe.

Quel sera le procédé de production mis en œuvre à Roussillon ?

Christophe Eychenne-Baron :
Il s’agit d’un procédé innovant pour lequel nous avons utilisé toutes les ressources du Seqens’lab de Porcheville pour arriver à une production répondant aux standards de qualité décrits par la pharmacopée, avec une empreinte carbone très faible, des émissions dans l’air, dans l’eau et dans les sols 5 à 10 fois moindre que la concurrence et un coût de production compétitif. Nous ne sommes pas partis d’une page blanche, puisque que nous avons déjà une usine de paracétamol qui tourne en Asie.

Cependant, nous avons retravaillé le procédé. Nous avons mobilisé toutes nos ressources chimiques, analytiques et en génie des procédés pour mettre de l’innovation à toutes les échelles. Nous avons notamment travaillé sur l’interaction entre la chimie et des outils innovants. Le couple chimie/procédé est un élément clé de la relocalisation.

Nous avons également beaucoup travaillé sur l’optimisation de la forme solide de notre principe actif. La façon dont le solide se forme a un impact sur la pureté et la qualité du produit final, ainsi que sur sa formulation ultérieure. Chez Seqens, nous avons une grande expertise de l’ « état solide », et nous sommes probablement parmi les mieux positionnés en Europe dans ce domaine. Des partenaires nous accompagnent sur ce projet, mais l’essentiel repose sur les compétences du Seqens lab.

A quels marchés géographiques s’adressera la production de Roussillon ?

Robert Monti :
En 2020, 80 % de la capacité de production de paracétamol du site de Wuxi avait été réservée pour alimenter le marché européen. Mais désormais, nous aurons une répartition différente, puisque la production de Roussillon sera réservée pour les Français et les Européens. Et nous nous positionnerons aussi sur le marché américain depuis Roussillon.

Les autres territoires seront desservis depuis Wuxi. Les deux usines disposeront donc d’une complémentarité géographique mais également technologique, puisque que les deux sites seront équipés de technologies de granulation différentes.

Pourquoi avoir choisi de relocaliser la production de paracétamol et pas d’autres produits?

Robert Monti :
Ce projet est un vrai défi technologique, commercial et stratégique. La crise du Covid-19 a été un énorme accélérateur sur la partie technique (car nous avons pu mobiliser des ressources sur le sujet, avec l’appui de nos clients) et sur la partie commerciale (avec la possibilité de négocier des engagements à long terme).

Sur la partie stratégique, tous les acteurs de la chaîne de production des médicaments ont enfin pris conscience de la fragilité des positions françaises et européennes.

Aujourd’hui, après un an d’importantes études, réflexions et prises d’engagements et grâce à la capacité du groupe Seqens à introduire de l’innovation pour limiter le surcoût lié à la relocalisation et l’empreinte environnementale de cette nouvelle unité, nous sommes heureux et fiers de lancer ce projet collectif à l’image du groupe : innovant, compétitif et respectueux de l’environnement.

Portrait de Robert Monti directeur général Essential Drug Substances
Robert MONTI
Christophe Eychenne-Baron, directeur R&D de Seqens.
Christophe EYCHENNE-BARON